Login

Bretagne La question des assolements

Depuis deux ans, les coopératives Le Gouessant et Even collectent du tournesol, plutôt en Ille-et-Vilaine pour la première et dans le sud Finistère pour la seconde.

Les interrogations se bousculent autour de la configuration du panorama breton végétal et fourrager.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La Bretagne se demande, comme d’autres régions, le visage que va prendre ses assolements. La conjoncture des prix en céréales, conjuguée à des fortes pertes de rendement en raison du manque d’eau en légumes industrie (haricots verts, épinards), bouleverse les arbitrages des producteurs. Avec des conséquences sûrement non négligeables pour la filière. « On est aujourd’hui à 60 % grand maximum des programmes industriels en légumes industrie en raison du très fort impact de la sécheresse 2022 », avance Yoann Méry, directeur de La Coopération agricole Ouest. De son côté, Anthony Brulé, de la chambre d’agriculture de Bretagne, affirme que « les emblavements d’automne ont diminué en pois et épinards », tout en précisant que « le sujet de l’eau est travaillé de concert avec LCA Ouest et les différentes familles d’acteurs concernés ». Pour preuve que ce sujet préoccupe, la Bretagne organisait son premier forum irrigation en septembre dernier.

Une filière en lin textile

Le délégué régional de Négoce Ouest, Vincent Bernard, estime également que « la sole en légumes de plein champ va diminuer pour cette campagne de façon significative, y compris en filière pomme de terre ». Toutefois, cette tendance devrait être juste ponctuelle, selon certains professionnels. Le maïs soulèverait également son lot d’interrogations face à l’inflation de l’énergie. « Est-ce que l’on fera encore du maïs dans les années à venir, s’interroge Vincent Bernard. Cette culture nécessite de l’engrais devenu cher, les semences sont aussi en hausse du fait d’un été très sec et si la récolte 2024 s’avère humide, les barèmes de séchage risquent d’exploser. » Cependant, la question de la substitution du maïs se poserait.

Le sujet de l'eau devient préoccupant, surtout en légumes

D’un autre côté, des cultures émergent tout doucement ou font leur retour pour répondre au changement climatique, à la nouvelle Pac et au besoin de réduire les intrants. Des opérateurs comme Even et Le Gouessant observent ainsi un regain d’intérêt pour les protéagineux, féverole, voire pois. Grâce à des variétés plus précoces, le tournesol fait son apparition depuis deux ans sur le territoire de ces deux coopératives avec, chacune, une centaine d’hectares emblavés, et devrait se développer. Certains adhérents d’Even, du nord Finistère, se lancent dans le lin textile dans le cadre « d’une filière qui est en train de se monter avec une petite structure bretonne », précise Jean-Baptiste Moussière, DG d’Even agri. Et, selon lui, « si le réchauffement continue, le sorgho pourrait arriver aussi jusque chez nous ; il émerge déjà en Pays de la Loire ». D’ailleurs, les sécheresses récurrentes confirment l’investissement de cette coop, avant tout laitière, dans la durabilité des productions fourragères de ses adhérents, notamment les prairies, avec une plateforme d’expérimentation lancée pour trois ans en 2021, et la recherche de mélanges fourragers résistants composés de variétés de différents partenaires semenciers.

Nouvelle politique services

Pour sa part, Le Gouessant s’est mis aussi, depuis deux ans, au sarrasin sur une centaine d’hectares et au colza bas carbone. La diversification des assolements s’inscrit « dans la stratégie d’accompagnement de nos adhérents vers la transition agroécologique », souligne sa DG adjointe, Christelle Houdard, qui invite « à raisonner désormais la marge brute sur un assolement ». En conséquence de cette stratégie, et dans la suite d'EGalim, une nouvelle politique services adhérents est développée depuis 2021. « Nous sommes des apporteurs de solutions avec une équipe de techniciens productions végétales qui ont été accompagnés dans ce changement par un réseau de consultants », ajoute Guillaume Prioult, directeur productions végétales. De son côté, Eureden se focalise sur ses adhérents avec son projet « Relation agriculteur 360 », afin « d’atteindre l'excellence opérationnelle en termes de service adhérents ».

Et chez les négoces, l’agriculteur est aussi au centre de leur attention, à l’image de Régis Morvan, dirigeant de Douar Appro, qui se définit avec son équipe comme « des vendeurs de solutions » et compte bien mener à terme ses projets de deux nouveaux sites d’ici 2023 malgré la hausse du bâti.

Sommaire

Le palmarès des coops et des négoces 2023

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement